Comment « sortir des tutos » ?

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« Sortir du Tutoriel ». C’est une expression que je vois surgir régulièrement en ce moment sur Instagram, dans les propositions d’ateliers ou de challenges créatifs de mes consoeurs et confrères. Ces propositions posent effectivement une question fondamentale et légitime : les tutos permettent-ils de développer des compétences propres, ré-applicables dans des projets personnels ?

Les tutos permettent-ils de développer des compétences propres, ré-applicables dans des projets personnels ?

En préambule, afin que vous sachiez qui vous parle, je rappelle qu’avant de créer cette plateforme d’apprentissage, qui comporte de nombreux projets pas à pas – autrement dit des tutos – j’ai moi-même découvert l’illustration botanique par ce moyen (si vous voulez en savoir plus à ce sujet, vous pouvez consulter cette page) Je suis donc, si je puis dire « la preuve vivante » que cette option d’apprentissage a démontré son efficacité. Et je suis loin d’être la seule.

Ce qui est important, me semble-t-il, est de comprendre en quoi c’est une méthode intéressante.

Quoi qu’on cherche à apprendre, il existe de nombreuses manières de le faire. Toutes ont leurs forces et leurs faiblesses et je ne vois aucune utilité à tenter de prouver la supériorité de certaines plutôt que d’autres. Si les tutoriels ont ma préférence dans le cadre de l’initiation à l’aquarelle botanique, c’est pour une raison simple : que vous ayez ou non un bagage artistique au départ, il s’agit d’une discipline technique, qui requiert un véritable apprentissage et de la pratique, autant de notions facilement décourageantes pour qui ne dispose que de quelques heures de temps libre par semaine. D’autant plus qu’il y a un autre élément à prendre en compte : si vous êtes adulte et que vous n’avez jamais jusqu’à présent osé céder à votre envie de peindre ou de dessiner, vous êtes probablement freiné·e par le fait que vous avez tendance à croire que vous n’en êtes pas capable.

Ainsi, pour pratiquer l’aquarelle botanique, vous aurez besoin de deux choses : non seulement acquérir un socle de connaissances de base, mais aussi fabriquer un socle de confiance en soi. C’est là que le pouvoir des tutos entre en jeu. Il permet de rendre cette combinaison « apprentissage/entraînement/satisfaction » aussi ludique que possible, avec des résultats concrets et mesurables rapidement. Le plaisir qu’on retire à pouvoir « contempler le fruit de ses efforts » est, j’en suis convaincue, un moteur très puissant. Et c’est tout le projet des vidéos pas à pas.

Je pense souvent à l’étude des instruments de musique, qui passe presque toujours par l’interprétation de morceaux choisis par l’enseignant, très faciles d’abord puis de plus en plus difficiles à mesure qu’on progresse. Ils permettent de développer ses compétences techniques sans même se rendre compte que l’on « travaille ». 

La limite des tutos ? Oui et... non.

Pour autant, je me souviens parfaitement de ce moment où, quelques mois après avoir commencé l’aquarelle botanique, je me suis sentie limitée par les tutos que je suivais. 

Voici ce que je ressentais : pendant que je peignais d’après la vidéo, j’avais le sentiment de comprendre ce que je faisais, que les compétences de bases étaient acquises et qu’à un ou deux détail près, j’aurais parfaitement pu me débrouiller toute seule, ce que je brûlais de faire. Hélas, dès que j’essayais de peindre un sujet par moi-même, je n’arrivais pas à m’en dépêtrer.

Que s’est-il passé pour que je réussisse enfin à m’engager sur ma propre voie ?

Avec le recul, je pense que c’est extrêmement, extrêmement simple : un jour, j’ai été prête.

Après de multiples tentatives infructueuses, j’ai réussi à terminer seule, sans aucune aide extérieure, mon premier projet. C’était une humble petite feuille de monstera qui m’a rendue si fière qu’elle est aujourd’hui l’emblème discrète du Club d’aquarelle.

Dans cette période, la difficulté que j’ai le plus souvent rencontrée, c’est de me confronter non seulement au temps que prenait le travail préparatoire, mais aussi à l’abondance de décisions qui précédaient la peinture elle-même : quel angle pour mettre en valeur mon sujet, quelle lumière, quelles couleurs, quelles techniques privilégier et dans quel ordre. Ce premier sujet a été suivi d’un deuxième, puis d’un troisième etc… tout cela en suivant une courbe de type « deux pas en avant, un pas en arrière » ce qui par ailleurs me semble être une constante, quel que soit notre niveau de pratique. C’est comme cela, sans secret de fabrication particulier, que je me suis affranchie des tutos. Pour m’aider à maintenir mon attention et ma motivation, j’ai alors pris d’autres types de cours, plus académiques cette fois, avec d’autres enjeux (notamment celui de me professionnaliser) d’autres forces et d’autres faiblesses.

Ensuite, une fois rassurée sur ma capacité à inventer mes propres recettes et avancer sur un chemin qui me serait personnel, j’ai pu revenir aux tutos avec un plaisir redevenu intact : le plaisir très relaxant de me laisser tranquillement guider les jours où je n’ai pas envie de faire travailler mon inspiration, celui de m’aider à trouver des réponses quand je bloque sur une technique ou un type de végétal, celui de reprendre confiance en moi quand j’ai le sentiment de tourner en rond, et plus que tout celui, tout simplement, d’étendre mes connaissances en apprenant auprès d’un autre artiste, chose que j’aurai sans doute envie de faire jusqu’à la fin de mes jours.

En matière d’art, chacun a sa manière de voir, de comprendre, de créer. Prendre des cours ce n’est rien de plus qu’une manière d’enrichir son monde. Que cela se passe par le biais de tutoriels, de cours en live sur zoom ou de stage en présence, tous ont le même objectif : partager avec d’autres passionnés, apprendre, avancer et à partir de cela, si on en a envie – et ce n’est pas obligatoire – inventer sa propre écriture.

Je voudrais terminer en rappelant quelque chose d’important : prendre des cours, cela apporte beaucoup ; dans une certaine mesure c’est même indispensable. Mais une partie du chemin restera toujours de notre responsabilité. Aucun cours ne pourra faire de nous un artiste. La seule personne qui le peut, c’est soi-même. Et cela passe, j’en suis convaincue, par cette prise de risque à un moment où à un autre, cette solitude : être confronté à ses limites, à son ignorance, à ses peurs… et se lancer quand même. Et se lancer encore. Et toujours se lancer. Si ce que vous désirez, c’est devenir un·e artiste, je ne crois pas qu’il y ait d’itinéraire bis.

Si vous avez une expérience à partager à ce sujet, je serai heureuse de vous lire. Et, pour prolonger la discussion, je vous invite à un live instagram (@vivreetcreer) le mercredi 2 février 2022 à 14h15 pour une conversation d’une heure  lors de laquelle nous pourrons échanger sur cette question. Je vous proposerai aussi des pistes pour construire vos illustrations botaniques de manière autonome.

À bientôt,

Anne-Solange

1 réflexion sur “Comment « sortir des tutos » ?”

  1. Florence Fagneray

    Bonjour Anne-Solange,
    C’est rigolo que tu abordes ce thème car cela est un de mes objectifs. Parvenir à peindre une fleur, feuille, …., seule. J’ai beaucoup de plaisir à réaliser tes tutos.
    Ils sont tellement clairs, et didactiques qu’ils me laissent penser que je suis vraiment douée. ahah … seule, c’est autre chose. Mais je sais que cela fait partie du chemin et je ne désespère pas.
    J’aurais vraiment aimé participer au live demain et écouter tes conseils mais c’est le moment de conduire Nathanaël au basket. Le live sera-t-il enregistré et disponible sur Instagram ?
    Encore merci pour ce Club d’Aquarelle et bonne continuation pour les cours que tu suis. Les anémones étaient tellement belles.
    A bientôt,
    Florence

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