Un bon dessin préparatoire

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 Ce que vous pouvez apprendre
de mes erreurs #1

Un bon dessin préparatoire

Bonjour ! 

J’espère que vous allez bien et que vous trouvez le temps de peindre des choses qui vous rendent heureux. En mai, je me suis accordé beaucoup de temps pour peindre et avancer sur des projets personnels. C’était si bon ! Et cela a aussi donné lieu a de nombreuses erreurs et tergiversations, donc autant d’opportunités de progrès.

Il y a quelques semaines, j’ai décidé de commencer une newsletter en anglais. Elle s’intitule « What you can learn from my mistakes » et j’y parle de tout ce que vous pouvez apprendre de mes erreurs… en matière d’art botanique :-) J’ai pensé que ce serait une manière amusante et instructive de partager avec vous ce que j’apprends et qui m’interpelle au fil des jours, dans mon petit atelier de peinture, avec l’idée que ces aventures viennent nourrir votre pratique et nous donne l’occasion d’échanger sur ce sujet. 

Et puis il m’a semblé absurde de ne pas proposer une version française de ces lettres. Voici donc la première. 

Aujourd’hui, j’aimerais parler de cette chose que nous avons tous tendance à négliger plus ou moins : notre dessin préparatoire.

Ce que j’appelle « dessin préparatoire », c’est ce tracé léger au crayon graphite (on choisira souvent une mine dure comme un crayon H ou 2H) qui nous sert de guide pour appliquer la peinture ensuite et qui est supposé disparaître à mesure que nous superposons les couches d’aquarelle.

Ce dessin est souvent pour moi une tâche fastidieuse. Ne vous méprenez pas, j’adore dessiner. Mais ce dessin particulier, qui n’a d’autre vocation que de disparaître manque souvent de poésie et d’attrait car il ne s’agit pas de penser en termes d’esthétique, mais plutôt de se demander « cette ligne va-t-elle constituer un bon point de repère ? Ce trait est-il utile ? Etc… Et, comme toutes les choses qui manquent de poésie à mes yeux, j’ai envie de les terminer au plus vite pour passer à la partie qui m’amuse.

En ce moment, je travaille sur une série de peintures. Pour être plus exacte : je travaille à développer mon idée de série afin d’en affiner les contours et déterminer si je me lance ou pas (je vous en parlerai dans un autre billet, si cela vous intéresse). C’est comme cela que je me suis retrouvée l’autre jour à décalquer cette photo d’un bouton de nénuphar de l’artiste Richard Reeve que je voulais utiliser comme étude pour nourrir mon projet.

Ce bouton de fleur présente un motif assez complexe en son centre : les étamines sont imbriquées les unes dans les autres d’une manière qui semble un peu confuse à première vue, mais qui est en fait très organisée. J’ai eu du mal, même avec un simple travail de décalquage, à représenter fidèlement ces étamines. Après plusieurs essais infructueux, j’ai perdu patience et je me souviens nettement avoir pensé « allez, ça paaaasse ». Autrement dit, j’ai estimé que j’étais prête à commencer à peindre, convaincue que ce charmant petit désordre trouverait son chemin en temps voulu.

J’ai donc commencé à poser la couleur. Et, étonnamment, cela s’est plutôt bien passé. J’étais plutôt contente du résultat et, à mesure que la peinture progressais, je me sentais de plus en plus certaine que le petit fouillis des étamines ne serait plus qu’une formalité. Bien sûr, quand le moment est enfin arrivé, il s’est passé exactement ce que vous pouvez imaginer : je me suis perdue dans mes lignes imprécises, ruinant en quelques minutes les 30 heures de travail que je venais de consacrer à ce bouton de fleur.

Que pouvons-nous donc apprendre de mon erreur présente ? C’est très simple : faites un BON dessin préparatoire.

Qu’est-ce qu’un bon dessin préparatoire, au juste ? Que doit-il inclure ou ne pas inclure ? Parlons maintenant de ce que j’ai appris.

1. Clarifiez tout ce qui peut l’être

Pour moi, c’est la leçon la plus importante : si un élément vous semble confus, ne pensez pas que vous résoudrez ce problème au moment de peindre. Si un élément n’est pas parfaitement clair, c’est que le travail d’observation n’est pas fini, qu’il y a quelque chose, dans la forme de ce que vous dessinez, que vous ne comprenez pas encore. Ce peut-être la manière dont la lumière frappe votre sujet, une imbrication étrange de lignes comme dans le cas des racines ou des étamines des fleurs, ou même – surtout si vous travaillez d’après photo – qu’il existe un problème de composition dans votre dessin avec combinaisons de lignes qui trompent votre oeil. Les solutions ne sont pas toujours simples et il peut tout à fait s’avérer nécessaire d’apporter de légères modifications par rapport à votre sujet et d’user de licence artistique pour que votre peinture paraisse plus vraisemblable. Mais dans tous les cas, dites-vous bien que si le problème n’est pas résolu à ce moment-là, il ne le sera pas.

2. Pensez aux traits qui vous rendent service

Quand on pense au dessin préparatoire, on pense bien sûr aux contours de notre sujet, ainsi qu’à certains détails comme par exemple les nervures des pétales, ou les étamines. Mais on peut aussi imaginer d’autres traits comme esquisser les limites de certaines ombres par exemple ou entourer certaines zones qui doivent demeurer entièrement blanches ou être recouvertes de liquide de masquage. Ce qui est important, c’est de garder en tête que ce dessin doit vous servir de repère. Essayez de réfléchir à ce qui va vous rendre service ou qui risque de vous compliquer la vie. Pensez par exemple aux couleurs qui viendront se superposer : si la plupart de vos traits disparaîtront sous le vert ou le rouge foncé, ils seront difficile à camoufler sur des pétales blancs ou des fleurs jaunes, trop claires.

3. Supprimez tout ce qui n’est pas indispensable

Trop de traits crée de la confusion et ne vous rendra pas service. Certains d’entre eux, qui étaient utiles pour vous aider à réfléchir et comprendre votre sujet ne vous apparaîtront peut-être plus aussi indispensables. Prendre un petit moment pour voir si vous ne pouvez pas effacer certaines traits est une bonne idée. Je trouve qu’un dessin avec peu de lignes est toujours plus facile à lire et à suivre qu’une cacophonie de traits dans laquelle, finalement, on se perd alors qu’elle était précisément supposée nous immuniser contre la confusion. L’éternel « Less is more ». C’est encore plus vrai pour des parties plus complexes comme les racines d’une plante ou les étamines. Si vous vous rendez-compte que malgré tout cela, c’est encore confus, je vous conseille alors de faire une rapide étude des volumes au crayon graphite pour vous entraîner, avant de peindre (si vous ne savez pas le faire, mon cours de dessin vous apprend tout ce qu’il faut savoir pour faire ses premiers pas).

Une fois que vous avez fait tout cela, Alleluia ! vous êtes prêt·e à reporter votre dessin sur le papier aquarelle et à commencer à peindre. Cette étape vous semble longue ? Elle l’est, c’est vrai. L’art botanique est souvent un art du temps long, en particulier si vous désirer atteindre un certain niveau de détail. Mais c’est pourtant une stratégie gagnante. Elle vous fera gagner beaucoup de temps, d’espace mental et permettra de rendre le temps de la peinture beaucoup plus relaxant en définitive, parce que croyez-moi, rater une peinture après 30h de travail à cause d’un travail mal construit au départ a aussi un petit goût salé de temps mal employé :)

J’espère que cette lettre vous a plu et qu’elle vous sera utile pour nourrir votre propre pratique. Si vous avez des remarques, des questions, des idées à partager, s’il vous plait, ne soyez pas timide et laissez un commentaire ! L’un des but de cet d’espace est aussi de pouvoir échanger nos pratiques et nos points de vue. 

Merci d’avoir pris le temps de lire ce premier épisode de « Ce que vous pouvez apprendre de mes erreurs »

À la prochaine !

Anne-Solange

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