Accepter d’abandonner ?!

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Ah là là, le sujet de demain du projet 365 jours d’inspiration… Haut, très haut degré de sensibilité, pour moi. 

Abandonné.

La chose qui me fait le plus peur, lorsque j’entreprends quelque chose de nouveau, c’est la perspective de ne pas « aller au bout ». D’abandonner mon projet avant de l’avoir terminé. C’est ce qui m’empêche de me remettre à la course à pied. Ce qui m’interdit de créer une chaîne Youtube ou un Podcast. Ce qui fait que je remets sans cesse à plus tard ce de stage de production vidéo qui, je le sais pourtant, m’apporterait tant. Si j’ai si peur d’abandonner en cours de route, eh bien… c’est que je l’ai souvent fait par le passé, que ça m’arrivera certainement encore, à l’avenir et que c’est aussi ce qui fait naître en moi les pensées les plus négatives.  C’est ainsi. Abandonner un projet commencé m’apparaît toujours comme un crime de lèse-créativité.

Pourtant, plus les années passent, plus je me rends compte de ceci : la notion d’abandon, dans un projet, est TOUJOURS relative

Abandonné ou différé ?
On a tendance à l’oublier, mais un travail laissé en suspens est souvent un travail qu’on pourra reprendre plus tard. Quand on se sentira plus disponible ou que l’appétit pour ce projet sera revenu. Quand on aura trouvé un compagnon de jeu pour nous aider à nous motiver. Quand on aura mené à bien cet autre projet qui, dans la liste de nos priorités nous apparaît plus important encore.

Le véritable objectif n’est pas toujours celui qu’on croit.
Parfois, un travail laissé en suspens paraît inachevé parce qu’il ne délivre pas un produit fini, mais le projet, lui, a bel et bien rempli sa fonction. Un exemple tiré de mon expérience vous éclairera peut-être. Je me souviens de petites sculptures que je taillais dans du bois tendre lorsque j’étais étudiante, des demi-coques de bateaux. Mon père avait déménagé au Canada et me manquait beaucoup. Lorsqu’avec l’apparition des webcams, il nous a été possible de communiquer plus facilement, je n’ai plus jamais éprouvé l’envie de sculpter des demi-coques de bateaux comme mon père m’avait appris à le faire. La véritable fonction de cette activité n’était pas d’apprendre à sculpter, elle consistait à maintenir un lien entre nous. Et lorsque la vie m’a donné d’autres moyens pour nourrir ce lien, leur mission auprès de moi fut achevée. Aujourd’hui, la raison me semble évidente, mais à l’époque, je me suis certainement reprochée de ne pas être allée « au bout des choses ».

Il n’est pas toujours nécessaire d’aller au bout des choses.
Le bout des choses, justement, parlons-en. C’est culturel : on a tendance à croire que si l’on commence quelque chose, il faut aller « au bout ». Le problème, c’est que les activités créatives n’ont pas de « bout ». On est toujours en apprentissage des différentes disciplines artistiques qui nous intéressent. Ainsi, on peut parfaitement naviguer de l’une à l’autre et – c’est ce qui est merveilleux – chacune de ces disciplines vient nourrir les autres. Même d’un stage suivi à moitié, on peut apprendre des choses déterminantes pour la suite. Ces dernières années, mes plus grands progrès en photo viennent de ce que je me suis mise à la peinture. 

C’est ainsi. Pratiquer une activité artistique ne conduit jamais à aucune destination. Par contre, elle a le pouvoir, pour un jour ou pour vingt ans, de nous offrir la possibilité d’un un voyage intéressant et formateur.

Nouveaux départs.
Enfin, j’ai remarqué qu’on n’osait souvent pas reprendre en route un projet laissé de côté. Pourtant, qui sait… peut-être avons-nous appris exactement ce qui nous manquait pour reprendre la route ?

Il arrive parfois que des personnes inscrites à mon cours de photo en ligne me disent, désolées, qu’elles ne l’ont pas suivi jusqu’au bout. Si vous faites partie de celles-ci, n’oubliez pas qu’il reste accessible à tout moment, sans date limite. Vous pourrez revenir quand vous vous sentirez prête. TOUT EST OK :)

9 juillet - Abandonné

Il m’a fallu un bon moment pour trouver quelle image pourrait convenir à l’illustration photo du thème de demain. Finalement, c’est cette photo un peu surréaliste des parapluies dans les poubelles de Venise. C’était un jour d’hiver et des pluies diluviennes s’abattaient sur la ville emportées par des vents à décorner les boeufs. En quelques minutes, toutes les poubelles de la ville débordaient de parapluies. Cette photo de pépins abandonnés m’apparaît toujours comme pleine d’incongruité. Je ne sais pas si je la trouve tellement jolie, mais elle raconte une histoire qui m’interpelle, ce qui, tout de même, a son importance. Qui a dit que les photos devaient à tout prix êtres jolies ?

avant

Ici, pas de changement majeur, je voulais simplement renforcer les couleurs pour donner davantage de relief à l’image.

après

Les contrastes sont meilleurs et j’ai retravaillé légèrement les teintes pour mettre en valeur le rose pâle des briques.

Et vous, quelle est votre expérience de l’abandon de vos projets ? Êtes-vous de celles qui, quoi qu’il arrive, n’abandonnent jamais rien ? Tenez, ce projet 365 jours d’inspiration, quel rapport entretenez-vous avec lui ? L’avez vous suivi sans jamais faillir ? L’avez-vous laissé tombé ? Picorez-vous les sujets qui vous plaisent à la carte ? Bref, que faites-vous de tout ça ? Si vous avez envie de me le raconter, envoyez-moi un petit mot ou bien partagez le fruit de vos réflexions avec le tag #365joursdinspiration.

À demain pour une nouvelle lettre. Vous savez, je crois qu’on approche du centième numéro. Incroyable !

Anne-Solange

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